Voici quelques nouvelles_1
Bonjour à toutes,
Attention, ce message très long peut toucher l'une d’entre vous,
je vais parler d’un sujet difficile.
Si vous êtes en période de fragilité psychologique, ne le lisez pas.
Chacune de mes abonnées a pu constater
que j’étais peu présente sur ce blog, ces derniers mois,
tout comme sur la blogosphère, ainsi que sur les deux forums que je suivais fidèlement.
Je vais tenter de vous en expliquer les raisons, qui sont intimes,
mais que j’avais choisi de dénoncer au nom de la sororité,
et de la dénonciation des violences faites aux femmes, dans tous les milieux.
Il y a bientôt 4 ans, en période de deuxième confinement lié au Covid19,
au cours d’une consultation en mammographie, dans le cadre du dépistage du cancer du sein,
j’ai subi, de la part d’un médecin radiologue remplaçant, dans un cabinet privé de ma commune,
que je fréquentais depuis 15 ans, une agression sexuelle.
Les faits : Je consulte en suivi mammographique depuis 1999,
il s’agissait donc à cette date, en 2020, de ma 17 mammographie.
De plus, j’avais vécu un cancer du sein, opérée à deux reprises
et j’ ai donc subi nombre d’examens relatifs au suivi de ce cancer,
ce qui me donne une grande aptitude à connaître le protocole d'un examen post-mammographique.
Cette consultation était d’ailleurs programmée dans le cadre du dépistage du cancer du sein.
J’ai donc réagi très vite à l’agression en cours, car j’ai rapidement constaté,
que l’ « examen » de ce médecin radiologue remplaçant
(que je ne connaissais pas, car personne ne m'a prévenue du changement de médecin),
ne suivait en aucune façon, le protocole….
Je ne vous en décris pas les détails…
Je l’ai donc fait fuir, lorsqu’il a compris, que je l’avais cerné dans son intention nauséabonde…
Il s’est enfui de la salle d’examen, comme un prédateur qu’il est..
Je suis restée tétanisée, seule dans la salle d’examen…
J’ai vécu une amnésie traumatique de quelques minutes,
puisque je ne me souviens absolument pas m’être rendue dans la cabine de déshabillage,
ni m'être rhabillée.
Je me souviens juste être passée au secrétariat, toujours sidérée et totalement muette !
Je me suis précipitée hors du cabinet de radiologie pour rentrer très vite chez moi….
Une de mes amies m’a dit : Pourquoi n’as-tu pas crié ?
Oui pourquoi ?
Parce que la sidération vous cloue au sol, vous tétanise et vous ferme la bouche…
le choc est tel que le cerveau disjoncte pour protéger un cœur qui risque de lâcher.
La sidération vous protège du choc subi…
Ce phénomène, on me l'a expliqué après au cours de consultation en psychologie.
J’ai retrouvé ma capacité à réfléchir, lorsque je me suis assise dans ma voiture.
Là j’ai déchoqué, et vite assimilé ce que je venais de vivre…
Arrivée à la maison, je me suis immédiatement confiée à mon époux,
médecin anesthésiste en retraite, qui, de suite, a compris que j’étais en état de choc.
J'avais interrompu l'agresseur à temps.
Je crois que j’avais échappé à des actes beaucoup plus sordides.
(les auditions des autres victimes qui suivront m'en convaincront)
…
Ma colère me fait réagir très vite. Je sais ce que j ‘ai vécu,
et je veux déposer plainte tout de suite.
J’ai effectué illico des recherches sur le web,
pour connaître les procédures proposées pour déposer plainte,
et j’ai opté pour une plainte par courrier auprès du Procureur de la République…
En effet, je ne me voyais pas me rendre à la Gendarmerie pour me confier,
où comme chacun le sait, l'intimité est optionnelle,
notamment pour auditionner les victimes de violences qu’elles soient conjugales ou sexuelles.
Avant d’expédier ma lettre, j’ai su par un des employeurs de cet individu,
que des médecins de ville leur avaient rapporté
que d’autres femmes ont signalé les mêmes faits.
A ce moment, j’interroge l’employeur de ce remplaçant,
médecin radiologue que je connais depuis 15 ans, du fait qu'ils avaient été informés...
que ce remplaçant était un prédateur sexuel…
et lui demande la raison pour laquelle, il l’avait conservé en poste,
après cette information gravissime,
et il me répond : « on prend ce qu’on trouve, j’avais besoin de vacances ».
Ces médecins, ne pensent qu'à encaisser ...
Leurs patientes se font agresser dans leur cabinet, mais qu'importe !!!
Si ma colère se dirige essentiellement vers le médecin agresseur,
je suis profondément écœurée par le comportement complice de ces médecins,
tout comme les employeurs précédents, qui tous connaissaient les déviances de ce médecin.
Seulement, visiblement, le silence reste de rigueur dans le milieu médical,
au nom de la confraternité déontologique imposée par l’Ordre des médecins.
En quoi, agresser une patiente dépend-il de la déontologie ?
Je voudrais bien qu’un médecin conseiller ordinal, me l’explique.
Je ne développerai pas ici les désordres émanant du Conseil de l’Ordre qui sont immenses…
Mais il faut croire, que c’est un Ordre puissant
car rien ne bouge malgré les dysfonctionnements épinglés par la Cour des Comptes,
et ce à plusieurs reprises.
La non dénonciation de crimes commis par les praticiens prédateurs sexuels est récurrente…
Les chambres disciplinaires sont visiblement très tolérantes avec ces prédateurs
Il leur faut plusieurs années de plaintes pour les condamner
en leur interdisant d’exercer ou en les radiant.
Il existe de nombreux exemples…
Nous le verrons certainement, encore prochainement, lors du procès de Le Scouarnec,
chirurgien accusé de multiples agressions sexuelles et viols sur enfants,
au cours de ses activités dans diverses structures en Bretagne….
C'est la raison pour laquelle, j’ai choisi de déposer plainte,
auprès du Procureur de la République.
J’ai choisi la Justice républicaine et non pas la justice ordinale…
Le Procureur de la République, à réception de mon courrier,
diligente immédiatement une enquête auprès de la Gendarmerie,
qui me convoque pour audition, début décembre 2020.
Deux heures d’audition, à l’issue desquelles, j’apprends,
qu’une des patientes victimes qui s’était confiée à un médecin de ville,
est venue également déposer plainte à la Gendarmerie.
Je suis la première à déposer plainte, les autres plaintes suivront...
Une femme craint de ne pas être crue, face à l'aura d'un médecin....
Plusieurs patientes seront-elles plus crédibles ?
Début décembre 2020, nous sommes DEUX à avoir déposé plainte pour des faits identiques,
par le même agresseur, et sur le même site.
L’enquête préliminaire de la Gendarmerie, d’une remarquable efficacité,
dénombrera une vingtaine de patientes victimes
sur le SEUL site du cabinet privé de radiologie de ma commune
ainsi qu’une autre victime, dont l’agression date de 2015, sur un autre site en Ille-et-Vilaine.
La poursuite de l’enquête préliminaire sur d’autres sites
dans lesquels ce médecin a effectué des remplacements,
révèlera d’autres patientes victimes sur d’autres sites du Morbihan.
En lisant les auditions, je constate qu’une cinquantaine de patientes
relatent des actes délictueux au cours d’un examen mammographique
par le même individu, sur plusieurs années et plusieurs sites de remplacements.
Il profitait de l'angoisse de la surveillance d'un cancer du sein,
ou de l'éventuelle annonce d'un cancer du sein,
suite à un doute émis par un médecin généraliste ou gynécologue
qui avaient prescrit la surveillance d'un kyste...
Nous sommes toutes angoissées lors de tels contrôles...
et il en profite, il ABUSE.
11 patientes du site de ma commune portent plainte.
9 patientes des autres sites portent plainte.
C'est peu de plaintes, par rapport, au nombre de victimes réelles,
mais chacune fait comme elle peut, psychologiquement,
et aussi en fonction de son accompagnement conjugal ou familial.
5 mois se passent, (soit avril 2021) j’apprends que l’agresseur est placé en garde à vue,
son domicile est perquisitionné, son ordinateur saisi,
il est mis en examen,
puis placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’exercer la médecine.
Heureuse nouvelle pour nous toutes, au milieu de cette longue attente de justice….
Je choisis immédiatement un avocat conseillé vivement par une Association de Victimes,
et me constitue Partie Civile, courant 2021.
A l’issue de la procédure judiciaire, le prévenu est convoqué devant le Tribunal Correctionnel,
(ORTC de juin 2022) l’audience est programmée pour le printemps 2023.
Quelques semaines avant l’audience programmée, mon avocat vannetais m’informe
que cette procédure ne sera qu’une audience de report,
car le prévenu ayant changé d’avocat, celui-ci est convoqué aux Assises, à cette même date …
Il m’informe que c’est un motif impératif qu’on ne peut réfuter !
Je luis fais confiance, je le crois.
Il me conseille de ne pas me présenter à l’audience, que cela ne sert à rien.
Que lui-même ne sera pas présent, qu'il enverra un collaborateur…
Cependant, mon mari et moi, décidons quand même de nous présenter à l’audience,
afin de prendre connaissance des lieux, pour nous accoutumer à l’audience ultime.
J’en informe mon avocat, qui me répond à peine, il semble contrarié.
A cette audience de report, (mai 2023) finalement, mon avocat vannetais est présent,
contrairement à ce qu’il m’avait dit…
L’audience débute,
et j’apprends dès le début de l’audience lorsque la Présidente du Tribunal prend la parole
que l’avocat du prévenu n’est pas convoqué aux Assises, mais est en Vacances…
Mon avocat m’a donc menti….
Voilà sans doute la raison pour laquelle,
il ne souhaitait pas que je sois présente à l’audience de report.
La Présidente du Tribunal nous informe, sans scrupule, (tout est expédié en 15 minutes…)
que l’audience est donc reportée en septembre 2024… Soit 15 mois plus tard !
Emotionnellement, il faut gérer l'information.
Je constate, lors de cette audience de report, que les victimes du site de Lorient,
ne sont pas citées dans le réquisitoire.
Je m’en inquiète auprès de mon avocat qui me rétorque,
que cela ne me regarde pas, et qu’il ne fera aucune recherche en ce sens….
Je lui demande ce que vont devenir les plaintes de ces patientes,
et il me répond, « elles seront classées sans suite ».
Choquée par cette réponse, je m’interroge beaucoup et ne comprends pas son attitude…
Pendant cette année de report, je n’ai AUCUN contact avec mon avocat.
J’attends vainement un appel de sa part (il a encaissé la totalité de sa rétribution…)
Je l’avais de plus autorisé à accepter deux autres patientes victimes des mêmes faits,
(il lui fallait mon accord)
ce qui fait, qu’il a encaissé 3 fois les conventions identiques pour une même procédure.
J’attends vainement, qu’il prenne contact avec moi, nous sommes à 2 mois de l’audience…
Je ne l’appelle pas, je tiens à voir jusqu’où il va aller… La date fatidique approche.
Je crois bien qu’il ne m’apprécie pas du tout, je pose trop de questions,
et de plus, j’ai demandé COPIE de mon dossier…
ce à quoi, lors de ma demande, il m’avait répondu,
que SEULS, les coupables, demandaient copie de leur dossier…
Or, si je me suis constituée Partie Civile,
c’est justement pour suivre le dossier de près…
et pour obtenir TOUTES les informations concernant mon action en justice.
Mi juin 2024, n'ayant toujours aucune nouvelle de cet avocat,
je prends la décision de changer de conseil. Je le vire !
Je choisis une avocate rennaise,
qui, en deux heures d’entretien, me consacre plus de temps, que le premier, en 3 années.
Je m’acquitte donc d’une nouvelle convention d’honoraires…
Je suis inquiète, j’angoisse, je suis persuadée que le prévenu ne se présentera pas à l’audience.
Alors, je dors mal, car si depuis 4 ans, je suis sujette aux insomnies récurrentes,
à l’approche de l’audience, je suis en hypervigilance permanente.
Pourquoi me suis-je lancée à vous raconter cette douloureuse expérience ?
Au début de ma mésaventure, lorsque je me suis confiée, autour de moi,
je souhaitais briser le silence pour protéger les autres femmes, ou jeunes filles
qui risquaient beaucoup…(puisque pour moi, c’était trop tard.)
Mon action était volontairement pour interrompre l’action de cet homme,
mais aussi dénoncer le comportement des médecins confrères complices de cet homme,
qui le laissaient travailler tout en sachant qu’il était déviant.
En parlant à mon entourage, je crois que j’espérais aussi me reconstruire, et qu’on m’y aide.
Mais j’ai compris qu’une victime traverse toujours l’épreuve dans l’ombre.
Effectivement, au début, j’ai traversé cette épreuve dans une grande solitude.
Cet épisode de ma vie a fait que je me suis éloignée petit à petit,
de tous mes centres d’intérêt.
Au départ, j'ai camouflé les effets de cette agression, par mon action,
tentant de garder le sourire,
en essayant de tromper les personnes qui m’entouraient
sur l’impact de cette agression et de ses conséquences,
en utilisant l’information essentiellement pour la prévention des autres.
Seule ma colère me guidait, me soutenait pour agir.
Le manque d’intérêt de la majorité des personnes à qui je me suis confiée,
à m’entendre ou à me questionner, sur le suivi de mon action m’a profondément meurtrie.
En fait, j'ai peu à peu constaté
que les personnes non concernées s’en fichent de prodigieuse façon.
Ce fut un nouveau choc.
Je crois que si j'avais été tabassée par un inconnu, dans la rue,
ou à mon domicile, au cours d'un cambriolage,
j'aurais eu plus de sollicitude sur le suivi de ma plainte ...
Pourquoi ? Avez-vous la réponse ?
Visiblement, le temps ne diminue pas la douleur, mais la prolonge.
La longueur de la procédure m'a usée psychiquement.
Et pourtant, je reste sensible à toutes les actions féministes
qu'il faut continuer de mener pour que chacune d'entre nous,
nos filles, nos belles-filles, nos petites-filles
puissent un jour, vivre en sécurité.
Voilà, vous avez un petit aperçu de ce que je vis depuis novembre 2020.
C'est un article, qui est dans l'air du temps et de la vague #metoo...
mais je n'y suis pour rien....Seul l'agresseur en est la cause.
Cet article étant déjà bien long, je prolongerai mes confidences dans un prochain article,
et notamment ce qu'il adviendra de nos plaintes..
Si ce message vous touche,
peut-être souhaiterez-vous connaître la suite de l’action
que j‘ai débutée, il y a 4 années.
A bientôt, ou pas.
Nelly ♥